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TRIBUNE

Pénaliser peut nuire à la santé des prostitué(e)s

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Prostitution : faut-il pénaliser les clients ?dossier
(Dessin Alain Brillon)
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publié le 4 novembre 2013 à 18h36

La ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, déclarait vouloir «éradiquer» la prostitution et, à cette fin, réformer l'arsenal pénal français pour pénaliser les clients de la prostitution.

L'équation «pénalisation des clients égale éradication de la prostitution» n'est pas nouvelle. Elle vient d'être reprise par une proposition de loi déposée par la députée socialiste Maud Olivier qui crée une «interdiction d'achat d'acte sexuel». Osons le dire : derrière cette nouvelle mesure répressive, se cache une véritable régression sociale. Sous bien des aspects, ce texte demeure pour nous, acteurs de terrain, mensonger, dangereux et inefficace.

Mensongère, cette proposition l’est en tournant le dos aux expériences déjà menées en la matière, notamment en Norvège ou en Suède, expériences qui, loin de prouver leur efficacité en matière «d’éradication de la prostitution», témoignent d’une précarisation accrue des personnes se prostituant (2). Les effets néfastes de ces lois sont en tous points semblables à ceux constatés en France suite à l’instauration en 2003 du délit de racolage passif : éloignement des structures de soins, de dépistage et de prévention, isolement des personnes et exposition accrue aux violences et à l’exploitation, stigmatisation, accès aux droits entravé.

Si les clients sont poussés à la clandestinité, les personnes se prostituant, elles, le seront d’autant plus. C’est en cela que la proposition est dangereuse. Mises à l’écart des centre