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Interview

«Démontrer qu’il y a eu relation tarifée, ça ne va pas être simple»

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Prostitution : faut-il pénaliser les clients ?dossier
Corinne Bertoux. de l’Office central de répression de la traite des êtres humains :
publié le 10 novembre 2013 à 21h46

Corinne Bertoux, commissaire de police, chef de l'Office central pour la répression de la traite des êtres humains (OCRTEH), dresse pour Libération le panorama des réseaux de proxénétisme en France, qui sont de plus en plus «transnationaux» et concernent «à plus de 80% des étrangères».

Quelle a été l’évolution des réseaux de proxénétisme depuis dix ou vingt ans ?

Les changements sont considérables. Nous sommes passés d’une prostitution traditionnelle, de voie publique, avec des réseaux familiaux, claniques, à des réseaux internationaux qui exploitent depuis l’étranger, le plus souvent des personnes du Nigeria, des pays de l’Est (Roumanie et Bulgarie) ou encore d’Amérique latine. Nous constatons également une nette recrudescence de la prostitution sur Internet, à travers les sites d’escort girls ou les annonces en lignes.

Nous assistons aussi à une augmentation des «city tours» : les proxénètes envoient, via des sites basés à l'étranger, vers les pays européens des prostituées qui ont rendez-vous dans certaines villes de France, pour des congrès professionnels par exemple. Les filles arrivent légalement via Schengen avec des visas de trois mois, sur tel territoire ou telle ville, puis sont «contactées» par les clients, lesquels ne connaissent qu'au dernier moment les hôtels où ils doivent se rendre.

Combien de réseaux tombent chaque année en France et avec quel profil de victimes ?

Sur la cinquantaine de réseaux