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Libération
Récit

Les modestes écrits de la Grande Guerre

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Une opération de la BNF sort de l’oubli des archives familiales de 14-18. Parmi celles-ci, le journal fleuve d’un jeune civil dans une région aux mains des Allemands.
publié le 10 novembre 2013 à 20h06

«Ordre arrive de par les autorités anglaises que de demain 25 [août 1914 ndlr] la population masculine devra se rendre de bonne heure dans les champs pour y faire des tranchées.» Ce sont les premiers mots du carnet de guerre de Paul Bourriez. La semaine dernière, son fils âgé de 75 ans, Daniel Bourriez, l'a remis aux Archives départementales de la Somme : un «don de mémoire» fait à l'occasion de la Grande Collecte de documents de la Première Guerre mondiale, organisée par la Bibliothèque nationale de France. «Sur 70 dossiers, c'est le plus riche document que nous ayons sur 14-18. Il donne des informations qui ne se trouvent pas dans les documents officiels», estime Chérif Naab, archiviste en charge du projet à Amiens, où une quinzaine de dossiers attendent d'être traités. Il ne s'agit pas du journal d'un poilu au front, mais celui d'un civil en zone occupée. Une trace de ceux qui ne firent pas la «Der des Ders», mais la vécurent tout de même profondément. Un «Journal de guerre», comme son auteur a lui-même titré sa page de garde soigneusement, en lettres gothiques violettes tracées à la main. Cinq cahiers manuscrits, remplis d'annotations à l'encre noire et à la graphie IIIe République, ainsi que leur copie dactylographiée dans un épais volume rouge.

Daniel Bourriez a encore l'air étonné de l'intérêt suscité par l'œuvre de son père. «Ah, si vous le dites alors. Je ne sais pas si ça intéressera un de mes petits-enfants. Peut-être qu'un