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Décryptage

Prostitution : les clients mis à l’amende

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Prostitution : faut-il pénaliser les clients ?dossier
Avant tout morale, la proposition de loi, examinée à l’Assemblée le 29 novembre, pourrait se révéler inutile et difficilement applicable.
publié le 10 novembre 2013 à 21h46

«Après l'abolition de la traite des esclaves, nous devons abolir la traite des prostituées.» Najat Vallaud-Belkacem place la barre haut. Alors que les députés s'apprêtent à examiner le 29 novembre la proposition de loi «renforçant la lutte contre le système prostitutionnel», la ministre des Droits des femmes aimerait bien élever le débat sur le terrain des grands principes et balayer la polémique centrée sur la pénalisation du client.

Dès sa nomination aux Droits des femmes, elle avait voulu faire de ce sujet l'un de ses dossiers prioritaires, annonçant la tenue d'une «grande conférence de consensus». Las. A Matignon et à l'Elysée, on lui a fait comprendre que le sujet n'était «pas dans l'agenda du gouvernement», explique-t-on dans l'entourage de la ministre. Depuis un an, c'est donc une députée, la socialiste Maud Olivier, qui porte ce dossier jugé trop polémique au sommet de l'Etat. Avant son élection, François Hollande avait annoncé son intention d'ouvrir le débat, en promettant notamment la suppression du délit de racolage. A moins de trois semaines de son examen par l'Assemblée, les critiques pleuvent sur un texte jugé tantôt moral, tantôt inutile, tantôt dangereux.

Pourquoi légiférer ?

La question de la prostitution démange en réalité la classe politique depuis près de trois ans. Poussée à la fois par les féministes, qui souhaitent un système abolitionniste, et par le secteur associatif de terrain,