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Françoise Héritier: «Un passé que nous pensions révolu»

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Pour l’anthropologue Françoise Héritier, il ne faut pas laisser la place à ceux qui visent «l’étranger, le Noir, le basané».
Françoise Héritier, en février 2013. (Photo Eric Feferberg. AFP)
publié le 13 novembre 2013 à 21h36

Anthropologue, professeure honoraire au Collège de France, Françoise Héritier estime qu'il est urgent de sortir de la stigmatisation et nécessaire de «voir dans l'autre l'universel, et donc le même, plutôt que le radicalement autre». Elle vient de publier le Goût des mots (Odile Jacob).

«Je m'en suis voulue de ne pas avoir réagi à la manière de Christine Angot [dans Libération le 7 novembre, ndlr], d'être cette belle et haute voix qu'appelait de ses vœux la ministre Christiane Taubira dans son interview à Libération la semaine dernière. Sans doute était-ce, de ma part, de la modestie mal placée, mais je ne me sentais pas légitime pour répondre. Christine Angot a fait ce que nous aurions dû tous faire, je lui dis bravo. Il ne faut pas laisser la place à tous ceux qui disent halte à l'étranger, au Noir, au basané, à celui qui est différent de nous. La référence à la banane nous projette dans un passé lointain que nous pensions révolu, celui de la "bonne colonisation", avec le chocolat Banania… Nous retrouvons aussi à l'œuvre des logiques parfois de gauche, parfois philosophiques, qui jouent du débat sur l'identité.

«Je pense qu’il est temps, à l’école, que l’éducation civique rappelle le respect que l’on doit aux autre