Alors que les opposants à la réforme des rythmes scolaires multiplient les actions cette semaine, Laurent Frajerman, de l’institut de recherches de la FSU (le premier syndicat du primaire), revient sur les raisons de ce blocage.
Vincent Peillon a-t-il sous-estimé l’opposition au passage à la semaine de quatre jours et demi ?
Il a surtout sous-estimé la complexité de cette réforme, qui croise des questions scolaires et périscolaires, et qui implique plusieurs acteurs : enseignants, mairies, animateurs.
Comment expliquer cette mauvaise préparation du ministère ?
En 1981, la moitié des ministres et des députés socialistes étaient enseignants. Depuis, ces derniers ont perdu l’essentiel de leur influence au sein du PS. De ce fait, Claude Allègre avait pu se maintenir au ministère de l’Education plusieurs années alors qu’il avait insulté les enseignants, en gonflant leur taux d’absentéisme. Aujourd’hui, la majorité pâtit aussi de la perte de ses connexions dans ce monde, celles qui lui permettraient de sentir le terrain. Le fait que Bruno Julliard ait été chargé du projet éducatif du parti est significatif. Il n’a jamais enseigné, a été responsable de l’Unef, cadre du PS et désormais maire-adjoint de Paris.
Y a-t-il d’autres facteurs ?
L’Education nationale, comparativement à d’autres secteurs, connaît une surconflictualité. C’est une profession combative et organisée. Si on le prend de la bonne manière, ça peut être un atout pour le dialogue social. Mais un ministre ne peut pas arriver devant une organisation comme la FSU sans avoir rien à proposer de positif. Le budget du ministère a certes été augmenté, mais cela a été vécu comme une demi-mesure qui ne compense pa