«Quand on est en situation de handicap, tout, absolument tout, prend plus de temps. Alors qu’il faudrait au contraire faciliter, aider, fluidifier… N’importe quelle action nécessite parfois des heures de prise de tête. Il faut une énergie incroyable pour franchir les embûches successives. Je crois que c’est avant tout pour ces raisons qu’il y a si peu d’étudiants handicapés dans le supérieur.
«Certes, il y a l’autocensure. Je ne la nie pas. Les parents d’enfants handicapés, qui veillent, et c’est normal, à les protéger, ont tendance à viser plus petit. La base, c’est le baccalauréat. Aujourd’hui, c’est indispensable. Une fois ce diplôme atteint, les parents se disent : "Ouf, mon enfant est dans la norme, mission accomplie." Du coup, ils enclenchent sans le vouloir une dynamique de l’échec qui n’est pas fondée. C’est terrible, ces carrières auxquelles on doit parfois renoncer…
«Bien souvent, l’autocensure émane du milieu médical. Totalement démunis et abattus face au handicap de leur enfant, les parents écoutent religieusement les médecins. Ils intériorisent un certain nombre de précautions qu’il est difficile de recracher. Personne n’est préparé à une telle épreuve. Le handicap fait peur. Parfois bien plus que la réalité. Certains docteurs évaluent bien le champ des possibles et ne prônent pas la surprotection. Mais certains praticiens ont un discours parfois trop prudent. A les écouter, il ne faudrait que se reposer !
«Moi, j’ai la chance inouïe d’avoir des parents un peu "têt