Mardi, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault annonçait avoir saisi le procureur de la République de Paris, scandalisé par la une raciste d'un journal d'extrême droite: «Maligne comme un singe, Taubira a la banane», osait Minute. Mais un gouvernement peut-il demander à la Justice de poursuivre un individu ou un journal sans abîmer le principe de séparation des pouvoirs – la cause fût-elle justifiée ? Un Premier ministre peut-il porter plainte à la place de sa collègue en signe de soutien ?
Dénonciation
En réalité, juridiquement, le chef du gouvernement ne peut pas ordonner à un procureur de poursuivre un individu. Ce qui n'empêche pas, par ailleurs, qu'un procureur s'y sente obligé, sous la pression politique ou pour complaire: les parquetiers, ces magistrats qui engagent les poursuites et représentent les intérêts de la société, sont hiérarchiquement soumis à la Chancellerie. Jean-Marc Ayrault n'a donc pas demandé au parquet de poursuivre Minute. Il n'a pas non plus porté plainte contre le journal, contrairement à ce qu'on a pu entendre. Il a fait usage d'un article 40, comme disent les magistrats : une «dénonciation».