Il est 10 h 12 hier lorsqu'un homme entre par la porte principale de Libération au 11 rue Béranger, à Paris (IIIe arrondissement), sort un fusil à pompe et, sans un mot, ouvre le feu sur un assistant photographe. Occupé à charger dans un ascenseur du matériel photo destiné à une prise de vue pour le magazine Next, C., 23 ans, tourne le dos au suspect qui lui loge une balle dans le thorax, ressortie par le poumon gauche, sous le cœur. Dès la première détonation, les deux employés présents à l'accueil se protègent, l'un se planque sous le comptoir, l'autre se plaque contre l'ascenseur.
L'un d'eux, Lucas, raconte la scène : «Le mec a sorti un fusil de sa sacoche et a tiré deux fois sur la première personne qu'il a vue. Ça a duré dix secondes, pas plus, et n'importe qui de nous trois aurait pu être touché. Le tireur n'a rien dit et est reparti immédiatement. Apparemment, sa troisième balle est restée bloquée. Il avait une quarantaine d'années, portait un long manteau vert kaki.» L'intrus, qui a agi à visage découvert ressort. La caméra vidéo de Libération a filmé l'entrée et la sortie du tireur : la scène n'a duré que «38 secondes». Présent à ce moment Jean-Noël, employé aux services généraux, a aperçu le tireur, ou plutôt sa «morphologie» : «Un homme de corpulence normale qui doit mesurer 1,70 m à 1,75 m» mais «impossible de dire s'il est blanc, noir, ou arabe», c'est allé trop vite. Il l'a vu «ranger