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TRIBUNE

La putain respectée

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Prostitution : faut-il pénaliser les clients ?dossier
par Pierre-Henri Castel, Psychanalyste
publié le 25 novembre 2013 à 18h01

Faut-il pénaliser les clients de prostituées ? Si le débat s’échauffe, c’est qu’il oppose manifestement deux versions de l’autonomie. Certains croient que la dignité des gens interdit qu’on leur laisse faire n’importe quoi au nom d’une liberté illusoire. Et si les gens résistent à l’appel de leur dignité, on les forcera à être libres : on les éduquera. D’autres jugent que personne n’a à décider si je suis digne d’être libre. Ma dignité est l’effet de ma liberté. Voilà pourquoi tout le monde s’accorde sur au moins une chose : combattre le proxénétisme. Mais les uns le combattent parce qu’ils défendent la dignité humaine, les autres parce qu’ils défendent leur liberté. Ensuite, chacun se lance à la tête des cas idéalisés de prostitution. Les défenseurs de «l’autonomie dignité» des femmes (ce qu’une femme ne devrait non seulement jamais subir, mais ne jamais faire) citent les victimes des mafias ou les migrantes pauvres. Ceux de «l’autonomie liberté» leur opposent des travailleuses du sexe qui vendent leurs prestations dans le cadre d’une transaction (taxée par l’Etat) et dont l’activité est souvent choisie. Dialogue de sourds puisqu’en fait «la» prostitution est ici un concept taillé trop large. On a donc besoin de grands principes pour généraliser par la force tel ou tel cas particulier au reste de la population prostituée.

Là-dessus, deux remarques. Tout d'abord, nos rapports sexuels (tarifés ou non) donnent-ils vraiment lieu à l'application des catégories de liberté, de dign