Le projet de loi de pénalisation des clients de la prostitution qui doit être débattu à l'Assemblée nationale cette semaine se prétend révolutionnaire, puisqu'il entend «inverser la charge pénale» en frappant les clients de la prostitution plutôt que ses praticiens. Ses défenseurs oublient pourtant de se demander pourquoi il faudrait à tout prix une charge pénale dans un domaine qui relève d'abord du plaisir et du jeu avec son corps - ce que ne cessent de rappeler des films contemporains qui se contentent d'inverser la charge du stigmate en mettant en scène des strip-teases masculins destinés aux femmes (Magic Mike) ou des prostitutions féminines qui jouent de façon expérimentale avec le désir masculin (Jeune et Jolie).
L'idée que la prostitution n'est pas un métier, mais une «atteinte insupportable à la dignité humaine… une violence en soi… une marchandisation du corps des femmes… l'expression la plus brutale des inégalités femmes - hommes» ne relève en fait ni de l'analyse sociale ni des principes républicains ou féministes, mais d'une idéologie assez récente et hétéroclite.
Celle-ci a remplacé le rejet traditionnel de la porneïa qui, depuis l'Ancien Testament, inclut dans un même opprobre toutes les formes de sexualité hors mariage : adultère, fornication, prostitution ou homosexualité… par un refus assez étrange de toute sexualité qui ne s'accomplirait pas «à égalité de désir», comme si toute autre rai