Une année a passé, et tout s'est inversé. Des accusés qui autrefois se cachaient, dissimulés sous des écharpes ou des blousons, on voit aujourd'hui pour certains le visage, on entend la parole. Des parties civiles qui disaient haut et clair leur souffrance, refusant la «honte» des victimes, on ne voit ni n'entend plus rien. L'une est absente. L'autre entre et sort par une issue dérobée, encadrée par deux psys et réclame le huis clos. Elle l'obtiendra - il est «de droit» pour les victimes d'affaires de mœurs - et le procès en appel des viols collectifs de Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne), qui s'est ouvert hier devant la cour d'assises d'Evry, se déroulera donc, comme le premier, sans public ni presse.
Huit hommes comparaissent jusqu'au 13 décembre pour des «viols en réunion» entre 1999 et 2001. En première instance, quatorze étaient jugés, et la cour avait prononcé dix acquittements et quatre condamnations à des peines allant de trois ans de sursis à un an ferme. Ce verdict, très en dessous des réquisitions, et déconnecté des récits que les deux jeunes femmes parties civiles avaient fait de leurs calvaires, avait provoqué une somme de réactions choquées. La ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, disait son «émotion», celle de la Santé, Marisol Touraine, son «malaise», tandis que des associations dénonçaient un «permis de violer». Et le parquet avait fini par faire appel.
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