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reportage

Près d’Angers, artisans sans «foi» ni «cap»

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Les entrepreneurs critiquent des hommes politiques coupés de la réalité. Et racontent leur «vraie» vie.
Jean-Michel Martin, charpentier à Montilliers (Maine-et-Loire). (Photo Franck Tomps pour Libération.)
publié le 27 novembre 2013 à 20h16

Parti «au pied de l’établi» à 14 ans, Guy roule aujourd’hui dans la dernière Audi hybride, symbole de sa réussite. Apprenti, chef d’équipe, contremaître, PDG… L’ex-ébéniste décline chaque échelon de son ascension comme ferait un soldat avec ses batailles. Mais cet automne, pour la première fois, Guy sent qu’il va caler. Son dernier projet, un bâtiment high-tech de 800 m2 digne des meubles que lui commandent les plus grands designers, pourrait rester dans les cartons. Trop compliqué, trop risqué, trop… tout. «L’ambiance ne pousse pas à prendre des risques. On est épuisés, pompés par la fiscalité, la paperasse, les commandes qui rentrent moins… Notre visibilité est d’un mois, pas plus.» Il pourrait débourser les 300 000 euros nécessaires pour son projet, recruter trois ou quatre personnes, en plus de ses 26 employés. «Mais c’est le moral qui baisse, explique-t-il. On se dit : à quoi bon…» Catherine, sa femme, qui partage le bureau de la direction, approuve, discrète : «On n’a plus l’énergie. Je voudrais retrouver la foi et la fougue.» A 54 ans, ils parlent d’une voix, comme un vieux couple. Même si la crise a relativement épargné leur «niche du luxe» à Grézillé, village du Maine-et-Loire, ils sont «désorientés». Et disent que quelque chose a changé, en France, depuis six mois : «Il n’y a plus de cap.»

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