Menu
Libération

Pour l’abolition, et les moyens de l’abolition

Article réservé aux abonnés
publié le 28 novembre 2013 à 17h06

On avait l'autre semaine déploré ici le relatif silence de voix grandes ou petites, mais mâles, confrontées à certaine vicieuse pétition dont les 343 auteurs intimaient la ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, de ne «pas toucher à leurs putes». Il ne fallait pas désespérer. En même temps qu'à l'Assemblée parvient la proposition de loi «renforçant la lutte contre le système prostitutionnel», elles arrivent, ces voix…

A leur façon, celles qui s'exprimaient mardi dans ces pages, sous les plumes d'un chercheur en sociologie et d'un psychanalyste (Libération du 26 novembre) sont des voix d'autorité. Elles ne disent pas, elles ne diront ni ne diraient jamais le corps prostitué avec les mots des 343 «salauds» autoproclamés en une autodérision qui décidément ne passe pas. Un principe démocratique les habite ou les hante, et leur respect de l'autre (la prostituée) est indéniable - presque gênant, parfois, dans son ostentatoire expression. Cependant, sans atteindre à la vulgarité du «manifeste» de Causeur, elles n'en divergent pas vraiment.

Il y a, dans la façon dont les hommes parlent de cette proposition de loi, le désir conscient ou non d'en éradiquer l'essentiel : la contrainte mafieuse, industrielle et mortifère dont, veut-on croire, il est question, et qu'il s'agirait d'abolir. Pas de prostitution quantitativement marginale, de haut vol, d'escorts ou de chippendales. Pas non plus de celle, étudiante ou domestique, qui met de 5