Cet article d'actualité-fiction a été publié dans notre édition spéciale «Libération en 2053», à l'occasion des 40 ans du journal.
Se réjouir quand, partout, un monde s'effondre. C'est avec ce mot d'ordre que la communauté des NoNum est descendue hier dans la rue dès l'annonce du black-out. Alors que la plupart des gens découvraient avec horreur les conséquences de la panne du réseau des réseaux, près de 5 000 personnes ont défilé à bicyclette entre Paris et la commune libre de Pantin où les NoNum franciliens ont installé leur camp de base. «Nous sommes là pour dire qu'on est ravis car le black-out oblige à décélérer et, peut-être, à repenser le monde. Contrairement à la majorité des gens, nous étions prêts», s'exclame Bridget Kyoto, leader charismatique de l'objection de croissance en France. A près de 80 ans, la militante écolo harangue encore les foules avec ses écharpes colorées. «Nous voulions redire aux gens qu'une autre vie est possible, lente, tout simplement humaine et heureuse.» En gros, qu'être déconnecté n'est pas une malédiction, plutôt une chance.
Les NoNum ont commencé à se regrouper au début des années 2010, dès l'essor d'Internet et des réseaux. Désireux de renouer avec l'utopie des pionniers, ils préconisaient alors un Net libre sans contrôle des gouvernements et des grands acteurs privés. Face à la big-brotherisation de la société et l'omniprésence d