Menu
Libération
Libé 2053

Dans les fjords, le pinot noir ne perd pas le nord

Article réservé aux abonnés
publié le 29 novembre 2013 à 17h06

Cet article d'actualité-fiction a été publié dans notre édition spéciale «Libération en 2053», à l'occasion des 40 ans du journal.

On a ouvert ça l’autre soir. Le jour déclinait et je rentrais du musée des Magasins avec les enfants. Ils n’avaient jamais vu les illuminations de Noël, étaient casse-pieds. J’étais soulagé d’arriver à la maison. Il faisait moite dehors, on avait trouvé tous les cadeaux. Ils me tannaient pour que je leur raconte le bruit des pas dans la poudreuse, du temps où il neigeait encore, avant le tournant des années 30. Dans le salon, le ventilateur tournait. Les invités allaient arriver. J’ai ajusté la sauce du ragoût de fraises de veau. Dire que les anciens en ont été privés des décennies avant le clonage de vaches conformes ! Je n’aurais pas supporté le sevrage. Il paraît qu’à l’époque des bouchers faisaient de la contrebande.

Je suis descendu à la cave. J'ai hésité un moment, puis suis remonté, content de ma trouvaille. La lumière s'est éteinte et j'ai tâtonné pour trouver l'interrupteur, en faisant gaffe à rien casser, une bouteille dans chaque main. Dans la droite, un bon petit côtes-de-norvège, cépage pinot noir. Dans la gauche, une bouteille retrouvée dans la cave d'un vieil oncle, chroniqueur à Libération au début du XXIe siècle, quand les quotidiens faisaient encore quelques dizaines de pages. Un pinot noir aussi, de la maison Voillot, à