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Libération
EDITORIAL

Elite

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publié le 3 décembre 2013 à 21h36

Quel autre pays aura accueilli comme un pareil psychodrame national l’abyssal classement de son système éducatif établi par l’OCDE ? Non seulement la France recule si l’on prend en compte les critères académiques, mais, plus grave encore, son école ne fait qu’amplifier les inégalités sociales.

Une mise en cause fondamentale des principes mêmes de la République.

On pourra objecter que les instituteurs et professeurs ne peuvent répondre seuls aux iniquités de la société et de ses quartiers.

Il reste que l’école de la République faillit dans son rôle primordial de donner toutes ses chances aux plus pauvres de ses enfants. Le classement triennal de l’OCDE n’incrimine pas un ministre, ni même un gouvernement, mais la société française tout entière. Notre système, par son essence même, perpétue les élites dans une étrange conjuration des parents, des héritiers, des professeurs et de leurs syndicats. Comme si l’éducation dite nationale n’était que pyramidale et conçue seulement pour entretenir les «bons lycées», les prépas et leurs enseignants les mieux rétribués. Une culture de l’élite qui valorise les meilleurs à l’encontre d’une culture de la moyenne qui serait conçue pour aider, encourager et embarquer le maximum d’élèves, quelles que soient leurs origines sociales. Ce système éducatif devient synonyme d’une guillotine sociale qui sélectionne et exclut. L’échec scolaire est aussi celui d’un pays. Un vrai chantier de gauche pour la gauche de gouvernement.