La sociologue Agnès Van Zanten, spécialiste des questions d’éducation (1), revient sur la dimension inégalitaire de l’école française, mise en exergue par l’étude Pisa.
Comment expliquez-vous ces mauvais résultats ?
Ce qui se passe à l’école reflète ce qui se passe à l’extérieur. Les inégalités sociales émergent d’abord dans le contexte familial. Avec la crise, il y a de plus en plus de familles précaires incapables d’aider leurs enfants. Face à cela, l’école continue largement à fonctionner comme si ces différences n’existaient pas. Elle est indifférente aux différences, comme disait Pierre Bourdieu. Elle ne tient pas compte des écarts majeurs de capital culturel transmis dans les familles, de leurs ressources inégales pour suivre la scolarité des enfants, notamment économiques (séjours à l’étranger ou cours particuliers - souvent, les enseignants ne savent pas combien d’élèves en prennent). Le système fonctionne de manière très fermée, favorisant ceux qui en connaissent les clés - en témoigne la «belle scolarité» des enfants d’enseignants.
L’école française n’a pas fait évoluer son modèle d’égalité - tous les enfants doivent aller le plus loin possible. Comme c’est impossible, elle se rabat sur «quelques-uns vont le plus loin possible». Et c’est mieux si certains viennent de milieux défavorisés, d’où tous les programmes d’ouverture sociale.
Où sont les failles ?
Les programmes sont pléthoriques et très exigeants, peu compatibles avec l'objectif d'amener le plus grand nombre à un bon niveau d'études - contrairement au «socle commun» [qui dé