Menu
Libération
interview

«Les prostituées chinoises espèrent rencontrer un homme français»

Article réservé aux abonnés
Prostitution : faut-il pénaliser les clients ?dossier
Avant le vote de la loi sur la pénalisation des clients, mercredi à l'Assemblée nationale, la sociologue Florence Lévy revient sur les parcours particuliers des prostituées chinoises de Belleville, à Paris.
publié le 3 décembre 2013 à 18h47
(mis à jour le 3 décembre 2013 à 19h01)

Lorsqu'on se balade du côté de Belleville, dans l'est parisien, on peut ne pas les remarquer. Même si elles sont nombreuses, les prostituées chinoises sont d'un certain âge et rarement habillées de manière provocante. En apparence, elles ne correspondent pas dans leur gestuelle et manière d'être aux clichés de la prostitution de rue. La sociologue Florence Lévy est doctorante à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), spécialiste de l'influence du genre dans l'évolution des projets migratoires originaires du nord de la Chine. Elle s'est intéressée lors d'un travail de terrain de 2007 publié dans la Revue française de sociologie aux femmes chinoises qui se prostituent à Paris et a pu observer et comprendre leurs parcours singuliers et leurs manières particulières d'aborder les questions d'argent et de sexualité.

Quel est le profil type des femmes chinoises qui se prostituent ? D’où viennent-elles ?

Mes données datent de 2007,  les choses ont pu évoluer depuis, mais les tendances étudiées alors demeurent probablement correctes à l’heure actuelle. Les femmes qui se prostituent viennent de Chine du nord, en majorité de la province du Liaoning et sont parties de leur pays quand elles avaient une quarantaine d’années. Elles ont souvent derrière elle vingt ans de travail dans des entreprises d’Etat. Elles ont été mariées, ont un enfant. Elles sont ouvrières qualifiées, mais ça peut monter socialement plus haut, comme des commerçantes, des comptables, des infirmières, des cadres. Ce sont des accidents de la vie, liés aux réformes en Chine, qui le