La question de la présence des avocats pendant la garde à vue de leur client a donné lieu, il y a une poignée d’années, à des débats juridiques passionnants. On invoquait alors les beaux - et nécessaires - principes du droit à la défense et au procès équitable. Mais le chemin qui a abouti à la réforme d’avril 2011, qui impose effectivement la présence d’un avocat auprès des gardés à vue, a été long et heurté. Ces péripéties ont créé une anomalie juridique plus qu’embarrassante: les gardes à vue menées sans avocat avant le 15 avril 2011, date de la mise en application de la loi, peuvent être annulées. Annulation qui pourrait fragiliser certaines affaires, parfois les plus graves. La lutte en faveur de la présence de l’avocat au poste de police risque-t-elle de faire échapper des auteurs de crimes à leur procès? L’«affaire Léa», examinée mardi par la Cour de cassation est un exemple de ce douloureux problème juridique.
Des aveux, sans avocat
C’est le réveillon de l’an 2011, et Léa rencontre Gérald, lors d’une fête à Montpellier. Quelques heures plus tard, le jeune homme la viole et la frappe jusqu’à la tuer. Il est vite retrouvé par les policiers du commissariat de la ville et avoue immédiatement, en pleurs. Il dit que Léa est peut-être encore en vie, indique les lieux du drame. Les policiers se précipitent mais Léa est déjà morte. Les policiers découvrent près de son corps la gourmette de Gérald. Le garçon de 24 ans réitère ses aveux, toujours sans avocat, devant les policiers du SRPJ, la police jud