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Non-lieu, non-personnes

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Méditerranée, mortelle migrationdossier
publié le 20 décembre 2013 à 17h06

Le 27 mars 2011, 72 Africains (dont 20 femmes et 2 bébés) quittent Tripoli pour Lampedusa avec des vivres pour une traversée de dix-huit heures ; mais l’embarcation tombe en panne et dérive pendant quatorze jours. Le 10 avril, une tempête finit par rejeter le Zodiac sur une plage de la Libye où les 11 survivants sont incarcérés ; 2 d’entre eux décèdent encore, l’une au moment de débarquer, un autre en prison. 63 personnes sont ainsi mortes de faim et de soif.

Pareille tragédie est banale : depuis vingt ans, 20 000 migrants ont péri en Méditerranée. Mais cette fois, avec le soutien d'associations - Migreurop, la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH), la Ligue des droits de l'homme (LDH) et le Groupe d'information et de soutien aux immigrés (Gisti) -, deux survivants ont porté plainte pour «non-assistance à personne en danger» - en France, mais aussi en Italie, en Espagne et en Belgique. En effet, en raison de la guerre civile libyenne, 38 bâtiments de guerre, dont plusieurs français, croisaient dans les parages dans le cadre de l'opération militaire de l'Otan baptisée «Unified Protector» (sic).

Dès le 27 mars, l’embarcation est photographiée par un avion de patrouille français qui transmet l’information, avec sa localisation précise, au Centre italien de sauvetage maritime. De leur côté, les passagers contactent par téléphone un prêtre érythréen à Rome, qui prévient aussi les autorités maritimes italiennes. L’après-midi, celles-ci alertent le