Charlie Hebdo ne comprendrait rien au rap des cités. La preuve ? Lorsque Nekfeu «réclame un autodafé pour ces chiens de Charlie Hebdo» dans un rap collectif écrit pour le film la Marche, Charlie Hebdo souligne le décalage entre le propos du rappeur et l'esprit qui animait la Marche pour l'égalité de 1983. Comment peut-on illustrer un film clairement antiraciste en chantant l'incendie d'un journal satirique engagé depuis toujours dans cette lutte ? Quel rapport entre la lutte contre le racisme et l'appel religieux à cramer un journal (déjà cramé) de dessins considéré comme blasphématoire à la fois par l'extrême droite catholique et Al-Qaeda ?
Le doctorant en sociologie Louis Jésu voit dans ces questions la preuve d'un mépris social de ma part ( Libération de mardi). Je n'ai pas compris ce que «cette revendication de "musulmans" peut aujourd'hui porter comme colère et protestation politique contre l'abandon des cités et leurs habitants». Ah si, je le vois. Et je le déplore. Charlie Hebdo, que le doctorant Jésu semble très mal connaître, s'insurge régulièrement contre le sort que les politiques réservent aux banlieues. Les cités abandonnées de la République, nous y sommes allés en reportage - Montfermeil, Chanteloup-les-Vignes, Grigny, etc. Certains d'entre nous en viennent, d'autres y sont encore. Mais, si