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Libération

L’an 2014, année de la rétroprojection

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publié le 27 décembre 2013 à 20h56

Le 1er janvier 1914 aussi, on s'est souhaité une bonne année et, comme on me l'a rappelé aussitôt, un dessin du Chat de Geluck souligne qu'il en fut de même à Hiroshima, le 1er janvier 1945 ! Rétrospectivement, on rira. Cruelle ironie. Mais deux autres sentiments s'y ajouteront, s'y accrocheront même, comme des plantes vivaces. La peur, d'abord, cent ans après (et soixante ans après), de la répétition. Que sera donc 2014 ? Mais l'espoir aussi ou plutôt, en ce nouvel an, malgré tout, la fête, la joie même, comme si les anniversaires n'étaient pas seulement des retours, mais des reprises.

Tout conduit d’abord, cependant, à creuser l’angoisse, rétrospective et prospective, non seulement dans l’appréhension à venir de 2014, mais dans le centenaire officiel de 1914, auquel vont aussi se mêler, non moins officiellement, les 60 ans de «1944». C’est qu’il y a plusieurs rapports possibles du présent au passé, et tous vont se conjuguer l’an prochain.

Le premier est celui de la «commémoration» : on n’y échappera pas, bouclant la boucle d’un âge de la mémoire qui, pour le meilleur et le pire, s’est ouvert en 1989, au moment du Bicentenaire. Mais il y en a un autre, auquel on n’échappera pas non plus, ce n’est pas la commémoration, mais la rétroprojection.

Nous voyons et vivons le passé toujours depuis notre présent et depuis ce qui s’est passé, aussi, entre-temps. De ce point de vue, il faut être net. Non seulement «14» a conduit à «44», mais c’est aussi l’in