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Libération

Pour dire adieu à 2013, abusons de tout !

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publié le 27 décembre 2013 à 17h06

Chaque année qui se termine nous fait penser que notre civilisation est un peu plus vieille, que l’histoire passe, que - comme chaque être vivant - elle s’approche davantage de la mort. Pourtant, depuis quelques décennies, cette idée nous révulse. Nous préférerions que rien ne meure : ni les personnes, ni les animaux bizarres, ni les cathédrales, ni le pétrole, ni les traditions, ni les planètes. Et peu nous importe si ces choses-là prises individuellement ou dans leur ensemble valent la peine que nous nous donnons pour qu’elles restent. Comme si nous avions décrété secrètement que tout ce qui est doit continuer d’être.

C’est ainsi qu’au lieu de nous livrer à des aventures palpitantes individuelles et collectives nous trions les poubelles, nous arrêtons de fumer, nous buvons de moins en moins, nous calculons le montant de nos retraites depuis que nous avons 20 ans. Et même si nous mourons, nous imaginons que nos descendants vont continuer à nous faire vivre. Nous ne cessons de fantasmer, les yeux injectés de sang, les arrière-petits-enfants de nos arrière-petits-enfants. Dans ces visions, ces anges immaculés nous reprochent la manière dont nous cherchons à ne pas avoir chaud en été, dont nous nous déplaçons, dont nous cultivons nos plantes, faisons le ménage ou nous nous amusons. Comme si nous avions inventé avec le regard de ces descendants hypothétiques une version laïque du jugement dernier. S’ils nous prennent pour des salauds, nous irons en enfer alors que si nous leur l