Au 17, rue de la Gaieté, à Paris, la façade aux losanges multicolores a perdu depuis déjà quelque temps de son pimpant. Voilà plusieurs années que la Comédie italienne, petit théâtre du quartier Montparnasse, connaît de sérieux soucis financiers. Claudine Simon, l'assistante du directeur, Attilio Maggiulli, résume : «Perte de la subvention de 30 000 euros du ministère de la Culture en 2010, puis subvention de la Mairie de Paris divisée par deux : on doit faire avec 45 000 euros en moins.» Dans «l'indifférence quasi générale», ajoute-t-elle. Jusqu'au coup d'éclat d'Attilio Maggiulli jeudi.

Il était 10 heures lorsque le directeur de la Comédie italienne, en voiture, a foncé sur la grille de l'Elysée. Plus de fracas que de mal : la grille est légèrement dégradée, et Maggiulli, 67 ans, souffre de lésions bénignes. Dans la nuit, pourtant, il a été admis à l'infirmerie psychiatrique de la préfecture de police de Paris. Les soignants doivent se prononcer sur la nécessité d'un traitement et le prolongement de sa garde à vue. Avant d'être arrêté, il a répandu un liquide inflammable dans sa voiture et tenté d'y mettre feu. Des lettres avec des «consignes» ont été retrouvées par les membres de sa troupe.

Elève du metteur en scène italien Giorgio Strehler, ancien assistant à la Comédie-Française et collaborateur d'Ariane Mnouchkine au Théâtre du Soleil, Attilio Maggiulli a fondé en 1974 l'unique théâtre italien de Paris. Les pièces sont jouées en français, la pa