L’archipel semble oublié de tout, balayé par la neige et les vents d’hiver. Les façades des maisons sont soigneusement peintes en rouge, bleu roi ou jaune vif. Tous les quatre ans, chaque famille s’applique à protéger le bois du blizzard, avec une aide de la mairie (700 euros). Sur l’année, il fait en moyenne 5 °C, et il faut pouvoir lutter contre les éléments. Ici, même pour faire 10 mètres, on prend sa voiture, un de ces gros pick-up 4 × 4 soldés par Ford, donc beaucoup moins chers que n’importe quelle automobile sortie des usines françaises.
Pas d’enseigne alimentaire nationale dans la bourgade de Saint-Pierre, Marcel-Dagort est la seule grande surface. Pas de livraison du courrier non plus : chacun prend le temps de se rendre à la grande poste près de la gare maritime pour consulter sa «box». On vit du bâtiment ou du chantier de la nouvelle centrale électrique, située à l’autre bout de la petite ville. Sinon, on travaille dans l’administration ou dans un commerce touristique d’été, lorsque les Terre-Neuviens viennent pour se dépayser. Ou pour la radio-télévision du service public, SPM Première, qui emploie près de 90 salariés.
Saint-Pierre-et-Miquelon, c'est un morceau de France perdu dans l'Atlantique Nord. Personne ne se rappelle qui avait appelé les «Onze Mille Vierges» ces quelques îlots situés au sud de Terre-Neuve (Canada), avant que Jacques Cartier ne leur donne leur nom actuel, lorsqu'il débarqua en 1536 avec la