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Libération

Raconter la vie, à auteur d’homme

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Sous l’égide de l’historien Pierre Rosanvallon, un réseau de chercheurs, d’écrivains, de journalistes et de citoyens se font les témoins de leur vie et de leur époque.
publié le 3 janvier 2014 à 20h56

Raconter la vie, celle des autres comme la sienne. Voilà le projet, simple mais d'envergure, lancé en ce début d'année par un groupe de chercheurs, d'écrivains, de journalistes et de citoyens sous la houlette de l'historien Pierre Rosanvallon. S'agissant d'entreprises intellectuelles collectives, ce professeur au Collège de France n'en est pas à son coup d'essai. Il fut tour à tour le créateur de feu la Fondation Saint-Simon (qui tenta, au prix du brouillage du clivage droite-gauche, de rapprocher élites économiques et académiques), l'animateur de la toujours vive République des idées (qui élargit le lectorat des sciences humaines sociales et tente d'insuffler le fruit des recherches dans l'univers politique), et l'inventeur, plus récemment, de la précieuse Vie des idées (qui pallie sur le Net et avec talent l'absence en France de journal intellectuel du type New York Review of Books).

Raconter la vie se veut autre chose : le Parlement des invisibles, affirme Rosanvallon en titre du texte manifeste qu'il publie aux éditions du Seuil et dans lequel il revient sur cette crise de la représentation qu'il ausculte depuis de longues années en pointant l'inquiétant affaiblissement des corps intermédiaires et les dérives d'une politique professionnelle de plus en plus coupée des électeurs profanes. Mais, comme le dirait - autrement - le sociologue Bruno Latour, cessons d'épiloguer sur cette sempiternelle crise : il s'agit toujours de produire la société, et c'est do