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interview

«Une interdiction a priori s’apparenterait à de la censure»

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L'affaire Dieudonnédossier
Sergio Coronado, député Europe Ecologie-les Verts.
par Rémi Clément
publié le 7 janvier 2014 à 21h26

Député Europe Ecologie-les Verts (EE-LV), Sergio Coronado juge que la pédagogie est aussi nécessaire que la loi pour lutter contre l’antisémitisme. Et qu’interdire les spectacles de Dieudonné serait inefficace et dangereux.

Quelle est la position d’EE-LV sur l’affaire Dieudonné ?

Notre groupe parlementaire refuse le piège tendu par le ministre de l’Intérieur qui consiste à nous demander de choisir entre l’antisémitisme et l’Etat d’exception. Nous considérons que Dieudonné est un personnage condamnable qui se nourrit de la haine et de l’antisémitisme mais nous ne sommes pas en faveur d’une interdiction a priori de ses spectacles qui s’apparenterait à de la censure. Il ne faut pas que sous couvert de lutter contre l’antisémitisme de Dieudonné, on puisse porter atteinte aux libertés fondamentales. Cela irait à l’encontre de notre conception de la démocratie.

La circulaire est-elle un moyen efficace contre ses déclarations antisémites ?

La circulaire transmise aux préfets reste très approximative. Elle établit la possibilité pour un maire d'interdire un spectacle au nom du respect à la dignité de la personne humaine. Le ministre de l'Intérieur s'est pour cela inspiré d'une décision du Conseil d'Etat de 1995 sur le «lancer de nains». Mais la comparaison semble difficilement valable. Quand on va à un «lancé de nains», on est sûr de voir lancer un nain ; en allant à un spectacle de Dieudonné, rien ne garantit qu'il fera une déclaration antisémite. Interdire ses représentations, en revanche, lui donne un formidable moyen de passer pour un martyr. Depuis la Révolution, on sait que la maxime «Pas de liberté