Cela fait maintenant trente ans qu'en France on s'est habitué à une islamophobie, à un racisme antimaghrébin et antinoir plus ou moins voilé qui, tous, viennent alimenter l'antisémitisme primaire dont on s'offusque (enfin !) massivement aujourd'hui. Que l'on tolère ce qui confine à l'abandon pur et simple de quartiers tout entiers à forte densité de population immigrée (où le taux de chômage dépasse allègrement les 50% pour nombre d'entre eux). Que de jeunes Français issus de l'immigration font l'objet de contrôles de police «au faciès» quasi-systématiques dans la rue, les gares et le métro. Que des personnalités publiques éminentes parlent du «bruit» et de «l'odeur» de certaines populations immigrées. Qu'en dépit du bon sens, des membres du gouvernement prétendent se moquer des Auvergnats quand ils se font prendre en train de faire des blagues racistes sur les Arabes. Qu'on entend parler, sans sourciller à force, des «vrais Français» et des «autres». Qu'on accepte de nos plus grands esprits des métaphores douteuses sur «l'invasion» que nous serions en train de subir.
N’en déplaise à certains, nous récoltons aujourd’hui les frais de cette indifférence. Les (plus ou moins) jeunes de notre pays, issus de l’immigration ou non, qui ont grandi en subissant ces humiliations ou en voyant leurs congénères d’origine immigrée les subir, auraient sans doute pu les surmonter sans participer tacitement de l’ant