Le constat est simple : la demande de justice a explosé, mais le nombre de juges, lui, ne suivra pas la même courbe. La France a une «consommation de masse» de la justice, estime l'un des rapports remis à Christiane Taubira : «Montée en puissance des victimes, place centrale de la sécurité dans le discours politique, tolérance moindre aux incivilités», mais aussi multiplication des divorces et vieillissement de la population qui ont fait bondir les affaires familiales et de tutelle. «L'argent ne reviendra pas, estime Antoine Garapon, coauteur du rapport sur "L'évolution de l'office du juge". On ne peut plus courber l'échine en attendant que la "crise" passe, comme le préconisent certains syndicats. Il faut repenser les institutions avec le peu de budget public disponible.»
Dans certains dossiers, le juge pourrait alors n'être que le dernier recours, laissant d'autres acteurs gérer les contentieux les plus répétitifs ou les moins graves. Le rapport Delmas-Goyon sur «Le juge du XXIe siècle» préconise la création d'un «greffier juridictionnel», à qui serait délégué le prononcé des divorces par consentement mutuel par exemple (lire Libération du 6 janvier) - ce qui fait bondir avocats et associations familiales -, ou le recueil du consentement en matière de procréation assistée, la vérification des comptes de tutelle ou l'homologation des plans de redressement des ménages surendettés.
Dans les nombreux scéna