Dans un ouvrage, dont Libération s'est fait l'écho, Romuald Bodin et Sophie Orange affirment que L'université n'est pas en crise. Ils entendent dénoncer les idées reçues et souligner l'efficacité remarquable des universités françaises en dépit de la faiblesse des moyens que leur concède l'Etat. La récente polémique sur les classes préparatoires a effectivement rappelé cette flagrante inégalité dans la distribution des moyens. Pourtant, outre que l'état des finances publiques ne permet guère d'espérer un meilleur financement des universités, il importe de ne pas se limiter à ce seul constat.
On confond souvent dans le débat public université et enseignement supérieur. Cette identification est de plus en plus erronée. Depuis le début du XIXe siècle, l'Etat, comme les institutions privées n'ont cessé de créer des dispositifs de formation (les «grandes écoles»), comme de recherche (les «grands établissements») pour concurrencer des universités jugées inefficaces, peu adaptables, mal gérées. Les diagnostics étaient souvent fondés, mais le choix de contourner les universités plutôt que de les réformer a contribué à les affaiblir. Depuis 1968, en revanche, les universités françaises ont été soumises à une «réforme permanente» qui les épuise sans s'attaquer à la racine du mal. La loi Fioraso de 2012, comme Pécresse de 2007 dont ell