Le caractère nauséabond des spectacles de Dieudonné est une évidence et leur mise en cause, une nécessité. Cependant, je ne peux m'empêcher d'éprouver doute et malaise face au traitement médiatique et politique de ce qui devenu aujourd'hui une véritable «affaire». Je pense que la circulaire du ministre de l'Intérieur n'est pas une bonne réponse. Limite sur le plan juridique et par rapport à quelques-uns de nos grands principes, elle risque surtout d'être contre-productive. Depuis des années, nous luttons contre la montée du Front national avec de réguliers coups de menton aussi moralisateurs qu'inefficaces. Les mêmes recettes produiront les mêmes échecs.
Je m'interroge en premier lieu sur la pertinence qu'il y a à donner, comme ce fut le cas ces derniers jours, un tel écho aux propos volontairement provocateurs de «l'humoriste». Le geste de ralliement de Dieudonné et ses émules, la «quenelle» (croisement entre le bras d'honneur et un salut nazi), circonscrit jusque-là dans la fachosphère, se répand désormais bien plus largement sur la Toile par ignorance, provocation ou véritable idéologie. A Bordeaux, alors que nous allons commémorer dimanche le 70e anniversaire de la grande rafle, des individus se so