«Alors c’est comme l’affaire Dreyfus ?»
La question du journaliste d'une télévision israélienne d'information continue, I-24news, au cours d'un débat sur Dieudonné, évidemment, nous propulse plus de cent ans en arrière. La France serait-elle submergée par un tsunami antisémite comme du temps de «l'Affaire», quand le respectable capitaine Dreyfus, polytechnicien, juif d'origine alsacienne, militaire et patriote, avait été accusé d'avoir trahi son pays en donnant des documents secrets à l'Allemagne menaçante ? En cette année 1894, alors que se profile une prochaine guerre mondiale. Innocent, Alfred Dreyfus sera déclaré coupable par les tribunaux militaires : des officiers de l'armée française n'hésiteront pas à fabriquer de faux documents pour réussir à faire condamner un juif. Persécution épouvantable qui a le soutien hystérique de toute la presse (la Libre Parole, le Temps, la Croix, l'Eclair, le Journal, le Figaro, etc.), de la majorité des députés de l'Assemblée nationale, de la classe politique de la gauche à la droite, des plus hautes autorités judiciaires, et, bien sûr, de l'opinion publique.
La France de l’époque est violemment antisémite. Le manifeste antisémite d’Edouard Drumont, «la France juive», s’est vendu à 150 000 exemplaires, et même les personnalités qui changeront plus tard d’avis, les Jean Jaurès et les Clemenceau, trouvent qu’être dégradé puis enchaîné dans une cabane sur l’île du Diable n’est pas suffisant, que le capitaine Dreyfus aurait