Ce serait donc cela, le progrès : demander le dernier mot à la justice.
Comme s'il s'agissait d'une avancée en matière de fin de vie que de demander à des juges si, oui ou non, Vincent Lambert subit une obstination déraisonnable de soins, si, oui ou non, il lui reste un peu de conscience, si, oui ou non, l'hydratation et l'alimentation artificielle sont des soins. Comme si les juges étaient compétents dans ce moment si particulier. Et ils ont finalement décidé : le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne s'est prononcé jeudi contre la décision d'euthanasie passive prise par les médecins du tétraplégique.
Presque tout dans l’affaire publique de Vincent Lambert aura manqué de dignité.
La dignité, ce mot tarte à la crème que l’on entend chaque fois que l’on aborde ces questions. La dignité, est-ce l’énonciation publique des secrets glauques de famille comme ceux révélés à l’audience, ces viols cachés, ces parents absents, ces couples qui se mentent, ces médecins qui cherchent à se protéger ? Et au final, est-ce cela la dignité, laisser un jeune homme de 38 ans cinq ans dans le coma, un homme qui a manifesté régulièrement des refus de soins, qui a répété à plusieurs reprises que si cela lui arrivait il ne voulait pas vivre cette vie-là.
Eh bien si. Vincent Lambert doit la vivre cette vie-là, il doit attendre la permission d'un tribunal admini