Rachel Lambert est venue mercredi au tribunal administratif de Châlons-en-Champagne (Marne). Discrète, elle n’a rien dit, écoutant toute la matinée des horreurs sur son compte, pleurant parfois. Rachel est ainsi, au-delà de la colère.
Cette histoire est aussi la sienne. Tous les jours ou presque, depuis plus de cinq ans, cette jeune infirmière se rend dans l'un des bâtiments annexes du CHU de Reims, où elle passe de longs moments avec son mari, Vincent, perdu dans un état végétatif depuis 2008 à la suite d'un accident de moto. Parfois, leur toute jeune enfant l'accompagne. Récemment, elle avait dit fortement dans le Monde : «J'aimerais simplement que Vincent soit entendu et respecté dans ce qu'il était avant. Et à ceux qui voudraient croire que j'ai intérêt à ce que mon mari parte, je voudrais dire que, malgré son handicap, il est toujours resté mon mari et que la douleur de le perdre sera toujours aussi grande. Je ne le laisse pas partir pour moi, je le laisse partir pour lui.»
Hydratation. Hier, en début d'après-midi, le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne a jugé bon de s'opposer à la décision d'euthanasie passive prise par les médecins de Vincent Lambert. Une décision médicale pourtant longuement mûrie et nullement individuelle : ce choix de fin de vie avait été fait non seulement en accord avec sa femme, mais aussi avec le soutien de 7 des 11 membres de la famille de Vincent, avec l'accord également du comi