Il y a une règle un peu hypocrite en France : les médias protègent la vie privée des élus. C'est sain. Mais pour les autres, les citoyens lambda impliqués - à tort ou à raison - dans un fait divers ? La règle s'inverse. A la télé, dans les articles, on va décortiquer le moindre recoin de leur intimité. Pendant l'enquête, on déballe tout, sans limite, malgré le «droit au respect de la vie privée» entériné par le code civil. Au procès, les médias peuvent tout retranscrire, même les pires horreurs, sans risque de poursuites. La personne est certes alors mise en examen, mais que se passe-t-il si elle est ensuite innocentée ? Tout ce qui a été diffusé reste, et c'est dur à avaler. Combien de journalistes, dans les tribunaux, se sont entendu dire par un prévenu, même reconnu coupable : «S'il vous plaît, ne mettez pas mon nom ! La condamnation, passe encore, mais si c'est dans le journal, je suis foutu !»
Dès qu’un élu est pris dans un fait divers, la règle qui le protège tombe, et il se retrouve dans le même maelström - demandez à Dominique Strauss-Kahn ce qu’il en pense. Et à Georges Tron : mis en examen en 2011 pour viols, l’ancien secrétaire d’Etat à la Fonction publique a été blanchi, mi-décembre, par un non-lieu. Les médias en ont-ils parlé ? Peu. Beaucoup moins que ce qui a été diffusé pendant deux ans.
Bien-pensants. Aujourd'hui, quand sa vie privée s'étale à son insu dans un média, le Président peut-il se contenter de s