Pour Noël, j'ai reçu dans ma boîte aux lettres un courrier anonyme : deux feuilles imprimant des articles surlignés à la main repris des sites Boulevard Voltaire et Riposte laïque. On y dénonce le multiculturalisme pour mieux célébrer l'islamophobie, tout en invoquant «Jean-Marie» contre «Taubira», ainsi que «Zemmour» qui compare l'actuelle garde des Sceaux à «Yade et Dati». Le tout s'achève sur des propos attribués à titre posthume au général de Gaulle, qui lui valent aujourd'hui l'affection de l'extrême droite : «les musulmans, ce ne sont pas des Français», sinon, son village finirait par s'appeler «Colombey-les-Deux-Mosquées» !
Ce n'est pas la première fois que je suis destinataire de telles missives : je me doute bien que je les dois à mes engagements publics ; mais c'est la première fois qu'elles s'ouvrent sur une menace explicite. Sur la reproduction d'un tract gaulliste de 1943, on lit en effet ces mots, inscrits sous une potence : «Où qu'ils soient, quoi qu'ils fassent, les traîtres seront châtiés.» C'est pourquoi j'ai décidé de conserver ce dernier courrier, de porter plainte et surtout de le rendre public. Soit, pour n'en plus être l'objet passif, de le prendre moi-même pour objet d'analyse.
La lettre est anonyme. On devine l’intention : il n’est pas question de débattre ; il s’agit d’inquiéter. On pourrait certes s’en féliciter : à l’instar des Hommen, l’extrême droite continue d’avancer masquée, elle n’