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Libération
TRIBUNE

Dieudonné n’est vraiment pas drôle

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L'affaire Dieudonnédossier
par Olivier Mongin, Editeur
publié le 19 janvier 2014 à 18h16

La tentative de «mise à mort» de Dieudonné par Manuel Valls est d'autant plus discutable que les spectacles de celui-ci, pas plus que sa guérilla politique et judiciaire fondée sur la concurrence victimaire, ne datent pas d'aujourd'hui. Si l'on avait mieux suivi l'évolution au long cours de Dieudonné on aurait saisi qu'il est à la fois : une bête de scène, un orfèvre de la scène live qu'il pratique depuis longtemps et qui sait comment faire avec son public ; un comique qui pratique un rire exclusivement ethnique et identitaire ; un guerrier qui n'est jamais aussi à l'aise que lorsqu'il tient, en bon garde-frontière, son ennemi dans le viseur (1).

Peut-on rire de tout ? Il y a belle lurette, en dépit de l'intermède Sarkozy, que le comique visant le pouvoir et les politiques ne fait plus rire (De Gaulle et Mitterrand ne sont plus là, Hollande se cache sur un scooter : «Ça ne résiste plus, c'est mou», disait Raymond Devos à Guy Bedos empêtré dans ses messages politiques), que le rire bas (le sexe version Bigard) et le comique identitaire - ethnique se sont imposés alors même qu'il devient inadmissible de rire de sketchs relatifs à des tournantes (Albert Dupontel est devenu sage et gentil si on se rappelle de ses histoires sales où pauvres clochardisés et filles violées en prenaient plein la figure ; quant à Michel Muller et son clown pédophile, ils ont disparu de la scène). Galéjade que de laisser croire que l'on rit de tout ! On ne fait pas rire de n'importe