Il ne se passe désormais pas un jour sans qu’éclate un incident violent au centre de détention d’Alençon Condé-sur-Sarthe. Et pour cause, tous les éléments sont réunis pour faire de cet établissement une poudrière. L’architecture oppressante d’abord : ici, le béton et les caméras de vidéosurveillance ont remplacé l’humain, les fenêtres sont les plus petites possibles, réduisant d’autant l’ouverture vers l’extérieur, tout est cloisonné pour limiter les contacts entre détenus et avec les surveillants, les salles et les cours de promenade sont exiguës pour éviter les rassemblements, les portes des cellules sont continuellement fermées et les déplacements étroitement surveillés et restreints.
L’isolement géographique, ensuite, qui réduit les liens avec l’extérieur : les proches des détenus sont souvent contraints d’effectuer plusieurs centaines de kilomètres pour une visite au parloir. Les intervenants extérieurs sont d’autant moins nombreux que la prison est loin de tout centre urbain. A la diminution des visites s’ajoute le manque cruel d’activités, de travail, de prise en charge médicale. Ici, pas de professeur et un psychiatre à quart-temps pour une soixantaine de détenus sous-tension.
Car cet établissement ultrasécurisé a été conçu pour accueillir des détenus condamnés à de longues peines, considérés comme dangereux, et dont les perspectives de sortie sont si lointaines qu'ils n'ont plus rien à perdre. Le 30 décembre, deux détenus du centre prenaient en otage un jeune surveil