Evoquer, comme les plus hauts responsables de l'UMP, la banalisation de l'IVG est inacceptable. C'est une injure faite aux femmes, mais aussi à tous les citoyens attachés à ce droit, de considérer qu'un avortement puisse être un acte banal. En votant hier soir un amendement qui fait disparaître de la loi la notion de «détresse» la gauche a poursuivi un long travail de consolidation de ce qui ne fut qu'amorcé en 1975.
En effet, contrairement à ce qu'on entend, surtout à droite, le droit positif à l'avortement ne se limite pas à une loi Veil mythifiée à laquelle, comme le défend Jean-François Copé, il ne faudrait «surtout pas toucher». Aussi décisive fut-elle, cette loi «expérimentale», et donc provisoire, adoptée en janvier 1975 sous un président et une majorité de droite, s'avérait en réalité très insuffisante. Et c'est la gauche qui, à plusieurs reprises et jusqu'à aujourd'hui, s'est employée à parachever le travail législatif. Après le vote définitif de la loi en 1979, il fallut en effet attendre la réforme du code pénal de 1992 pour que l'IVG cesse d'être considérée comme une dérogation à un délit, comme un fait justificatif qui permettait d'échapper à des poursuites pénales. Et même attendre 2001 (encore un gouvernement de gauche) pour que l'IVG devienne véritablement un droit, une liberté publique, et que soient enfin supprimés