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Libération
Reportage

Les babas coulent

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Ils pensaient s’épanouir en groupe et en harmonie avec la nature. Mais outre les difficultés des rapports humains, les membres de la communauté de Lentiourel en sont réduits à gérer le quotidien et assurer leur survie. Exemples avec Jak, Elisa, Françoise…
Jacques et sa femme, Elisa, se rendent au nouveau jardin en «permaculture». (Photo Nanda Gonzague. Transit)
publié le 24 janvier 2014 à 18h46

«Ecolieu - Oasis de Lentiourel - recherche partenaires». En lettres rouges dans l'herbe verte, la pancarte accueille les visiteurs au pied de l'escalier de pierre dominé par une fière bâtisse aux tons ocre brun. Autour, les terres aveyronnaises ondulent jusqu'à l'horizon, émaillées de quelques mûriers rappelant qu'à une époque, Lentiourel abrita une magnanerie. Mais aussi une ferme familiale, comme en témoigne encore la bergerie, revêtue d'un épais tapis de crottin de mouton séché et surmontée d'une grange aux voûtes romanes.

Aujourd’hui, les brebis sont parties et la vache est morte de vieillesse. Seuls un coq, neuf poules, deux ânesses, un chien et deux chats règnent sur les 35 hectares de terres en friche au fond desquelles coule le Len. Dans les 600 m

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habitables et les 1 000 m

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de dépendances, quatre femmes et quatre hommes tiennent à bout de bras leur rêve de retour à la terre et de vie collective. Prêts à tout pour ne pas être renvoyés à la solitude et au béton, ils enchaînent les épreuves.

Jak, Elisa et Françoise, tous trois habitants du Var, faisaient partie d'un groupe qui cherchait à créer un écolieu. «Ce qui rassemble les écolieux, c'est un souci d'écologie, d'autonomie, de reconnexion à la terre, avec une idée d'entraide et d'accueil», explique Jak, 62 ans, des yeux perçants encadrés par de longs cheveux poivre et sel. Quand il découvre la ferme de Lentiourel au printemps 2011, il a un coup de cœur. «J'ai été touché par sa