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Interview

Cannabis : «Si le prix est trop élevé, le marché noir perdurera»

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Pour l’économiste Christian Ben Lakhdar, l’Etat ne doit pas rechercher un profit financier.
publié le 5 février 2014 à 21h36

Christian Ben Lakhdar est professeur en économie à l'université catholique de Lille. Il est l'auteur, avec David Weinberger, d'une étude parue dans «Du marché du cannabis au marché du THC en France» (1).

Quels seraient les avantages d’une légalisation contrôlée du cannabis ?

D’abord, on économiserait une partie des coûts provoqués par la répression du trafic, soit potentiellement de 500 millions à 600 millions d’euros par an. Mais la variable importante à déterminer, c’est le prix de vente du cannabis dans un monopole d’Etat : s’il est trop élevé, le marché noir perdurera, et la répression aussi. S’il est trop faible, on risque une augmentation du nombre de consommateurs, donc des problèmes sanitaires plus importants, plus de morts liés au cannabis sur les routes, etc.

L’exemple de l’Uruguay, où la légalisation contrôlée doit entrer en vigueur cette année, peut-il être suivi ?

L’Uruguay a décidé de s’aligner sur les prix du marché. Pour moi, c’est une bonne idée. De ce fait, le consommateur lambda préférera acheter sur le marché légal, d’autant qu’il évitera ainsi les éventuels coups d’arnaque.

Il y a également la question de la qualité du produit…

Et de sa concentration en THC [l'un des composants actifs du cannabis, ndlr]. Actuellement, sur le marché noir, elle augmente. Si elle est limitée dans la vente légale, le risque est de voir le consommateur se détourner du cannabis légal.

Combien d’argent, avec une légalisation contrôlée, serait récupéré sur le marché légal ? Aux Pays-Bas, on retient que le système semi-légal des «coffee shops» a récupéré la moitié du trafic…

En France, on estime le chiffre d’affaires annuel du cannabis sur le marché noir entre 800 millions et 1 milliard d’euros. On peut s’attendre à ce que les consommateurs actuels se tou