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enquête

La cité qui a fait craquer Dassault

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«Libération» a reconstitué comment le système présumé d’achats de voix par l’ex-maire de Corbeil a implosé.
Serge Dassault, sénateur (UMP) de l'Essonne, le 25 janvier. (Photo Laurent Troude)
publié le 11 février 2014 à 21h16
(mis à jour le 12 février 2014 à 9h31)

Tout ça pour une «carotte». Si Serge Dassault, accusé d'achats de voix à Corbeil-Essonnes, va probablement connaître les rigueurs de la garde à vue, c'est parce que des jeunes se plaignent de s'être fait «carotter». Dans les cités, ça signifie se faire arnaquer. Et ça se règle souvent à coup de calibre. A Corbeil, le sang a coulé deux fois. Sauf que la «carotte» n'est pas liée à un deal de drogue, mais à l'argent de l'ancien maire (1995-2009), qu'un lieutenant «trop gourmand» aurait gardé pour lui. Provoquant une réaction en chaîne et l'implosion du système. C'est ce que suggèrent les enquêtes judiciaires menées à Evry, auxquelles Libération a eu accès.

Tout commence le 10 novembre 2012. René Andrieu, un ex-braqueur, et Fatah Hou, ancien boxeur, piègent Dassault en caméra cachée. Ils lui disent que des jeunes ont été recrutés pour faire réélire, fin 2010, son salarié et successeur à la mairie, Jean-Pierre Bechter. «Le problème, c'est qu'on a fait la campagne […] et on ne s'est pas fait régler», lance Hou. Dassault réplique qu'il a «tout donné» à Younès Bounouara, 41 ans, l'un de ses proches issu de la cité des Tarterêts, et chef présumé de la campagne occulte. S'il n'a pas redistribué, «c'est son affaire», lâche Dassault. Le 5 décembre, le Canard enchaîné révèle des extraits de la vidéo, et le fait que Dassault a versé 1,7 million d'euros (1) à Bounouara au Liban.

L'article met le feu aux poudres. Les jeunes «carot