C’est le paradoxe de la situation actuelle autour des questions de fin de vie, d’euthanasie, et de suicide assisté : plus le temps passe, moins on avance, et plus on s’oriente vers une loi peau de chagrin, avec de légères modifications aux marges. Nous sommes loin en tout cas d’un projet de loi qui changerait fortement le cadre actuel. Les raisons de ce statu quo annoncé ? Un contexte politique ingérable, et une législation actuelle, - la loi Leonetti -, qui permet toutes les approximations et tous les faux-semblants.
Reprenons le fil. Lors de l'élection présidentielle, François Hollande s'était engagé pour un changement de loi, ouvrant la porte à la possibilité d'actes d'euthanasie dans certaines circonstances de fin de vie. A peine élu, il lance une mission, autour du professeur Didier Sicard, ancien président du Comité national d'éthique. Celui-ci rend son travail, en décembre 2012. Son rapport est passionnant mais ambigu : d'un côté, il affirme qu'il ne faut pas toucher à la loi Leonetti mais, de l'autre, il reconnaît que bon nombre de situations sont «insupportables» et, très clairement, il note que dans l'univers des fins de vie médicalisées, il n'y a plus franchement de frontières étanches entre le «laisser mourir» et le «faire mourir».
Piqûre létale. Or, le «laisser mourir», c'est le socle de la loi Leonetti : si le patient le réclame - ou si l'équipe médicale le décide lorsque le patient n'est pas en état de donner son co