«Nous ne devrions pas avoir à enterrer un enfant», résume en sanglots Véronique Decker. Hier matin, la directrice de l'école primaire Marie-Curie de Bobigny (Seine-Saint-Denis) a organisé dans les rues de la ville une marche silencieuse en souvenir de Melisa, 7 ans, décédée mercredi matin dans l'incendie du bidonville de la rue des Coquetiers, à quelques centaines de mètres. Pendant une heure, le silence des 500 personnes lui rendant hommage a été brisé par les hurlements de douleur de sa mère, le visage ruiné de fatigue, entourée par des femmes de la famille pour éviter un énième malaise.
Derrière elle, veste en cuir marron, brassard blanc et yeux à terre, le père de Melisa, ferrailleur d'une quarantaine d'années, n'est soutenu par personne. «Ils ont tout perdu. Ils n'ont même plus de papiers», ajoute Véronique Decker, qui avait accueilli dans son école Melisa l'année dernière. Derrière la banderole tenue par enseignants et enfants, des militants et parents d'élèves ont été rejoints dans le cortège par des familles d'autres bidonvilles du département. Sous les caméras, les habitants des Coquetiers déambulent, hagards, comme s'ils n'étaient pas habitués à ce qu'on leur porte une telle attention.
Niché au pied de barres d’immeubles, leur bidonville abrite une centaine d’habitants qui ne s’entendent pas toujours, Roms de Bulgarie et Roms de Roumanie. Mais depuis mercredi, le camp est scindé en deux pour une autre raison. D’un côté, un agrégat de baraques de boi