Tous deux membres du bureau de la Commission nationale quartiers populaires
Depuis le début des années 2000, concernant la question de «l'intégration», seul le «récit national» imposé par Nicolas Sarkozy donne le ton. Ce récit visait à construire une «identité nationale» par opposition à une partie des habitants de ce pays (musulmans, jeunes de banlieue, etc.). On prétendait parler «intégration», et en fait, on excluait, on «dés-intégrait». Ce schéma, ressenti par beaucoup de Français et d'immigrés comme insultant, n'a été, hélas, démenti par aucun récit alternatif clairement et hautement affirmé depuis l'arrivée de la gauche au pouvoir. Des promesses faites à ces Français ou aux résidents étrangers ont même été trahies (contrôle au faciès, droit de vote des étrangers). Amertume, d'autant que, en 2013, pas moins de huit rapports sur ces questions ont été enterrés. Pour compléter ce sombre tableau, les institutions sont restées atones au moment où les quartiers fêtaient les 30 ans de la Marche pour l'égalité, épopée éminemment positive et fraternelle qui ne demandait qu'à entrer dans l'histoire de France pour enfin créer du consensus, là où règne la méfiance. Il faut donner des signes pour esquisser un nouveau dialogue et une nouvelle histoire commune, qui prennent en compte cette France déçue.
La récente «feuille de route» de Matignon y contribue-t-elle ? Certes, son esprit est positif : le texte reconnaît les «atouts»