Un panneau de chantier au milieu du hall de la mairie du XVIIIe arrondissement de Paris annonce : «Attention, travail d'arabe». Le message, ainsi posé sous les ors de la République locale et les grands escaliers en pierre, joue à la perfection le rôle que lui a assigné l'artiste (même s'il n'assume pas totalement le titre) et publicitaire (son vrai métier) Ali Guessoum : «Interpeller.» Même très concentré sur son dossier personnel de renouvellement de passeport, difficile de ne pas s'arrêter sur la formule. «Attention, travail d'arabe» est le titre d'une exposition conçue pour «bousculer l'idée trop reçue et véhiculée par les médias, les politiques ou encore la publicité, d'un immigré source de problèmes», depuis le «Y'a bon Banania» de l'après-Première Guerre aux dernières sorties politiques sur les Roms.
L'idée de Guessoum est simple et efficace : utiliser les codes de la culture populaire, et notamment ceux de la pub et du graphisme, pour déjouer les stéréotypes et codes de la xénophobie ambiante. «J'avais envie de m'exprimer au travers de cette mémoire collective qui parle à tous, mais de façon décalée, amusante. On ne rit jamais avec ce sujet», explique-t-il. Le communicant se démarque nettement du discours habituel de l'antiracisme. Un écho à la Douce France chantée par Carte de séjour dans les années 80.
Ali Guessoum avait aussi l'ambition de souligner «l'apport culturel, économique et social des Français venus