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Libération
Récit

Les soldates face aux hommes des casernes

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Un ouvrage révèle les violences infligées aux femmes militaires. La Défense lance une enquête.
De 1992 à aujourd’hui, l’armée est passée de 7% à 15% de femmes. Sans y être vraiment préparée. (Photo Lionel Bonaventure. AFP)
publié le 27 février 2014 à 21h26
(mis à jour le 2 mars 2014 à 16h46)

La grande muette s'est décidée à prendre la parole sur les violences sexuelles. Hier, à l'occasion de la parution de la Guerre invisible, qui fourmille de témoignages sur la situation des femmes militaires, le ministère de la Défense a annoncé ouvrir une enquête sur les violences sexuelles et les cas de harcèlement commis dans l'armée. «Nous avons un contenu équivalent qui est arrivé sur le bureau du ministre la semaine dernière», s'est justifié le porte-parole du ministère, Pierre Bayle, évoquant le rapport classifié du contrôleur général des armées, Gilles Chevalier, sur l'égalité entre hommes et femmes au sein de la défense.

Intruses. L'omerta règne encore en France. Dans la Guerre invisible, les journalistes de Causette Julia Pascual et Leïla Minano racontent l'ambiance machiste de la caserne aux opérations extérieures (Afghanistan, Mali, Centrafrique), où les femmes sont perçues comme des intruses, essuient réflexions salaces et petites phrases stigmatisantes, jusqu'aux actes les plus graves.

A 21 ans, Léa Garreau, gendarme adjointe volontaire, a subi les attouchements d'un collègue dans un contexte de harcèlement sexuel. On tente de la dissuader de porter plainte… avant de la muter dans une autre brigade. Laeticia, soldate victime d'un viol dans sa caserne, a mis sept ans à faire éclater la vérité. Son caporal-chef finit par la traiter de «salope». Car, dans l'armée, la dénonciation est so