Menu
Libération
TRIBUNE

Notre-Dame-des-Landes : l’insoutenable lourdeur d’une dérive politique

Article réservé aux abonnés
Après l'intervention des forces de l'ordre lors de la manifestation contre le projet d'aéroport samedi dernier, l'opposition se durcit et dénonce une «démocratie où le peuple est absent».
Affrontements entre manifestants et forces de l'ordre, le 22 février, à Nantes. (Photo Jean-Sébastien Evrard. AFP)
par Françoise Verchère, conseillère générale, parti de Gauche et membre du CeDpa (1), Anne-Marie Chabot, militante associative, membre de l’ACIPA (2), Sylvain Fresneau, agriculteur, membre de l’ADECA (3), Pierre Giroire, militant associatif Solidarités-Ecologie.
publié le 28 février 2014 à 16h52

La manifestation du samedi 22 février à Nantes contre le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes fut à la fois enthousiasmante et triste. Enthousiasmante parce que près de 50 000 personnes venues de toute la France et 520 tracteurs ont participé à la manifestation déterminée, mais festive. Triste parce que les violences et dégradations commises au centre-ville ont entaché ce qui devait être pour les organisateurs une belle démonstration de leur détermination.

Qui étaient les casseurs ? Les incidents étaient à peine terminés que le préfet de région, Christian de Lavernée, les présidents socialistes de la région Pays de la Loire, du conseil général de Loire-Atlantique, le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, et son ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, savaient déjà tout sur eux. L’élite politique et celle de l’autorité administrative dénonçaient les coupables : les occupants de la ZAD, zone de bocage qu’ils ambitionnent de transformer en zone aéroportuaire et qu’ils décrivent comme un repaire de violents irréductibles anarcho-gauchistes. Pour faire bonne mesure, ils accusaient la coordination des 50 associations, partis ou syndicats des opposants d’être la «vitrine légale d’un mouvement armé».

Ces jugements hâtifs commencent à voler en éclats à la lumière de nombreux témoignages de personnes présentes sur les lieux et du visionnage des films et images