La manifestation du samedi 22 février à Nantes contre le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes fut à la fois enthousiasmante et triste. Enthousiasmante parce que près de 50 000 personnes venues de toute la France et 520 tracteurs ont participé à la manifestation déterminée, mais festive. Triste parce que les violences et dégradations commises au centre-ville ont entaché ce qui devait être pour les organisateurs une belle démonstration de leur détermination.
Qui étaient les casseurs ? Les incidents étaient à peine terminés que le préfet de région, Christian de Lavernée, les présidents socialistes de la région Pays de la Loire, du conseil général de Loire-Atlantique, le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, et son ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, savaient déjà tout sur eux. L’élite politique et celle de l’autorité administrative dénonçaient les coupables : les occupants de la ZAD, zone de bocage qu’ils ambitionnent de transformer en zone aéroportuaire et qu’ils décrivent comme un repaire de violents irréductibles anarcho-gauchistes. Pour faire bonne mesure, ils accusaient la coordination des 50 associations, partis ou syndicats des opposants d’être la «vitrine légale d’un mouvement armé».
Ces jugements hâtifs commencent à voler en éclats à la lumière de nombreux témoignages de personnes présentes sur les lieux et du visionnage des films et images