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Libération
Interview

«En France, l’armée est plus féminisée que l’informatique»

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Irène Eulriet, spécialiste de sociologie militaire en Europe.
publié le 11 mars 2014 à 21h16

Chargée d’étude à l’Institut de recherche stratégique de l’Ecole militaire (Irsem), Irène Eulriet a mené une enquête comparative sur la place des femmes en Europe (1).

Quand s’est produite la féminisation des armées en France ?

Elle a connu un indéniable coup d'accélérateur avec la professionnalisation des armées, à partir de 1996. Mais le mouvement avait commencé bien avant, essentiellement au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. En 1939, après des années de débats, la loi Paul-Boncour prévoyait la mobilisation de toute la population en cas de conflit, sans distinction de sexe. Puis de nombreuses femmes se sont engagées dans la Résistance. En fait, les armées n'ont été strictement masculines qu'entre la fin du XIXe siècle et 1940. Sous l'Ancien Régime, les femmes étaient présentes dans le monde militaire. Elles étaient dans les convois car les soldats voyageaient souvent en famille. D'autres se travestissaient pour combattre, y compris à l'époque napoléonienne. C'est en 1832 que le port de la moustache est devenu une partie intégrante de l'uniforme. L'armée s'est alors graduellement transformée en une société masculine parallèle.

L’armée française est aujourd’hui la plus féminisée d’Europe. Comment cela se passe-t-il en Allemagne et en Grande-Bretagne ?

Effectivement, en France, l’armée est plus féminisée que d’autres secteurs tels que le BTP ou l’informatique. L’armée allemande a exclu les femmes jusqu’en 2000. Il a fallu un arrêt de la Cour de justice des communautés européennes pour que les choses changent. Jusqu’à cette date, les femmes pouvaient seulement être recrutées dans le service de santé ou dans les orchestres de musique militaire…